Dans le Nord et en Wallonie, le mois de décembre s’ouvre chaque année sur un ensemble de traditions profondément enracinées, où l’odeur des brioches, des épices et du houblon accompagne les premiers froids.
Parmi ces coutumes, la plus gourmande reste la fameuse brioche de fin d’année, connue sous une multitude de noms selon les villes et les dialectes : quéniole à Valenciennes, volaeren à Dunkerque, cougnou et cougnolle en Belgique. Plus largement appelée « coquille de Noël », elle fait son apparition dès la Saint-Nicolas et accompagne les matins d’hiver jusqu’aux fêtes. Sa pâte riche en beurre, œufs, lait et levure, parfois agrémentée de raisins secs ou de pépites de chocolat, séduit autant par sa douceur que par sa forme reconnaissable, inspirée d’un nourrisson emmailloté. C’est cette silhouette qui lui a valu le surnom traditionnel de « pain de Jésus », hérité d’une ancienne coutume flamande.
Les premières traces de cette brioche remontent au XVIᵉ siècle : en 1579, un récit lillois mentionne une « coquille » lancée depuis le beffroi pour célébrer la paix, preuve que cette spécialité fait partie du patrimoine régional depuis plusieurs siècles. Aujourd’hui encore, sa préparation répond à un rituel immuable : levure délayée dans du lait tiède, pétrissage long jusqu’à obtenir une pâte souple et élastique, temps de repos pour la laisser lever, puis façonnage minutieux avant une cuisson dorée. Une recette simple, mais qui perpétue un savoir-faire transmis de génération en génération.
Autre symbole incontournable de la saison hivernale : la bière de Noël. Tradition née il y a plus d’un siècle, elle provient de l’habitude des brasseurs de profiter de la fin des récoltes d’orge et de houblon pour élaborer une cuvée plus riche et chaleureuse. Cette année, pas moins de 36 brasseries des Hauts-de-France première région brassicole du pays, forte de 175 brasseries et plus de 500 références ont présenté leur version, allant de la blonde épicée aux brunes corsées aux notes de miel. Cette diversité témoigne de la vitalité d’un territoire où la culture de la bière fait partie intégrante de l’identité régionale.
Enfin, la Saint-Nicolas, célébrée chaque 6 décembre, marque le véritable lancement des festivités. Partagée avec la Belgique et la Flandre, cette tradition met à l’honneur le protecteur des enfants, qui défile dans les rues accompagné du redouté Père Fouettard. Friandises, cadeaux et « mannalés », ces petites brioches en forme de bonhomme, rythment les défilés, les goûters d’école et les rassemblements familiaux, créant une atmosphère chaleureuse qui annonce la période des fêtes.
Décembre, dans le Nord, c’est la tradition qui réchauffe l’hiver.