Créé l’année dernière sur mesure pour le Cheval Blanc, institution de Wazemmes, le prix littéraire du même nom a été remis à Roland Perez pour son autobiographie Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan.
Accueillie ce dimanche 6 novembre par une banda, l’Orphéon Jazz Band Circus, interprétant son tube C’est quand le bonheur, la foule était présente dès 11 heures pour accueillir le président du jury de cette deuxième édition du prix littéraire, l’auteur-compositeur-interprète et poète Cali. Fondé en 2021, le prix littéraire du Cheval Blanc, du nom du bistrot mythique de Wazemmes, avait été décerné à Lucie Rico pour Le chant du poulet sous vide. Le jury était alors présidé par le réalisateur et comédien Benoît Delépine, figure de Groland sous le pseudonyme de « Michael Kael ». Ce prix, c’est Michaël Moglia, ex-conseiller régional engagé pour la culture, délégué général de l’association Pop’Culture dont le but est de développer la culture populaire dans Lille et sa métropole, qui le présente le mieux – il faut dire qu’il en est à l’origine… « On a repris tous les codes des prix littéraires nationaux », déclare-t-il dans un discours introductif aux badauds, tant des habitués du bistrot que des amateurs littéraires, clients d’un jour. L’objectif du prix, selon l’organisateur de l’évènement, c’est d’ouvrir la porte de la littérature aux espaces plus populaires. Le prix du Cheval Blanc, c’est l’anti Prix de Flore, prix littéraire décerné au Café de Flore de Saint-Germain-des-Prés. « Immanquablement, via le choix du resto, on donnait une indication au public auquel on s’adressait » ajoute Michaël Moglia, « dans un lieu de fête on peut aussi faire rentrer le livre et la culture ». Même son de cloche du côté de l’artiste catalan : pour Cali, « la lecture c’est la liberté, rencontrer des mondes parallèles ». Que ce soit dans les quartiers de Lille ou ceux de Perpignan, capitale du pays catalan dont il est issu, « les mômes doivent comprendre qu’il faut croquer des livres ». C’est à l’issu d’un de ses concerts que les deux hommes se sont rencontrés : « j’étais très timide » confesse Michaël Moglia, « j’étais bourré » enchaîne le musicien…
Un prix sous la bénédiction de Sainte Sylvie et Sainte Monique
Avocat et animateur de radio comme de télévision, Roland Perez signe son premier roman Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan. Autobiographie pleine de vie, elle raconte la vie d’un petit garçon souffrant d’un pied bot, malformation congénitale l’empêchant de marcher. Ne pouvant sortir de l’appartement de sa famille situé au milieu du 13e arrondissement de Paris, le petit narrateur vit en permanence avec sa mère Esther, d’origine juive séfarade, respectant le cliché de la « mère juive forte et surprotectrice », qui se démène pour soigner son fils.
Personnage très important, Sylvie Vartan fascine le jeune enfant contraint d’être alité toute une année pour son traitement : l’enfant écoutera et se passionnera pour la chanteuse au point qu’il considère aujourd’hui qu’elle a joué un rôle dans son traitement et sa convalescence. L’ironie veut que Roland Perez, en tant qu’avocat spécialisé dans le droit d’auteur, collabore avec son idole de toujours sans lui avouer cette histoire fascinante. Il aura fallu la publication de son livre pour que la lumière soit faite sur cette période unique de sa vie. Sylvie Vartan a tenu à appeler le lauréat. « J’aurais tellement aimé être parmi vous », dit-elle au téléphone de l’auteur dont le son est diffusé dans le bistrot via un micro, « une belle réussite, une de plus, pour ce livre tellement bouleversant. C’est un livre d’amour et de courage ».
L’autre icône de l’événement, c’est Monique, à la tête du Cheval Blanc. Alors que la foule est compacte, elle sert les bières, complimente des amies, en chambre d’autres. La tenancière appréciée de tous est à la tête d’une institution quasiment sacrée du quartier, un bistrot-brasserie pas comme les autres qui accueille tous les dimanche après-midi un concert de chanson française interprété par les Zazous, groupe attitré du lieu. En plus de ces rencontres dominicales et ce nouveau prix, chaque année le Cheval Blanc a droit à son bal, qui a lieu au Grand Sud. L’année prochaine, le jury du prix littéraire sera présidé par la chanteuse de variété Juliette Noureddine.