L’ours jaune friand de miel a fait sa réapparition. ‘’Winnie the pooth : Blood and Honey’’ est sorti au cinéma outre Atlantique. Dans le rôle d’un tueur sanguinaire et tortionnaire, l’ex-ami des plus jeunes sème le chaos, accompagné de son fidèle compagnon Porçinet.
Un regard vide et obscur, un mutisme des plus troublants et une férocité à en faire pâlir le diable en personne. Voilà comment peut être décrit le duo qui a su charmer parents et enfants à une époque qui semble être révolue. Winnie the pooth : Blood and honey s’apparente à une véritable révolution dans le monde cinématographique, mais qui ne semble pas faire l’unanimité auprès des cinéphiles.
Le domaine public, nouvelle perspective pour le cinéma ?
Avant de parler du long métrage en lui-même, il faut comprendre son origine. Comment une figure appartenant à la licence Disney a‑t-elle pu devenir pareille monstruosité ? Grâce au domaine public. Depuis le 1er janvier 2022, le personnage créé par Alan Alexander Milne appartient désormais au domaine public. Lorsqu’une œuvre, quel que soit son format entre dans le domaine public, elle n’est plus restreinte par la loi et le droit d’auteur. En d’autres termes, cela veut dire que n’importe qui peut faire ce qu’il veut de l’œuvre en question, y compris des films dérivés.
Si l’ours a pu être utilisé pour mettre sur pied un film indépendant, il se pourrait que d’autres œuvres connaissent le même sort au fil du temps. En tout cas Rhys Frake-Waterfield, le scénariste de Winnie the pooth : Blood and honey semble avoir fait de ce « libre accès » son crédo pour exprimer son art. Le réalisateur britannique, adepte du style cinématographique cauchemardesque, a affirmé vouloir renouveler l’expérience avec deux autres personnages phares du monde merveilleux qu’est l’innocence enfantine, à savoir Bambi et Peter Pan.
Even with the massive review flop that ‘WINNIE THE POOH : BLOOD AND HONEY’ was, they’re working on a cinematic universe with a ‘PETER-PAN’ and ‘BAMBI’ horror movie in development. pic.twitter.com/UDbocJjNRg
— The Hollywood Handle (@hollywoodhandle) February 17, 2023
Winnie the pooth, blood and Honey : réussite ou fiasco ?
Le monde de l’ours glouton et de ses amis est bien respecté. On retrouve les figures phares de l’œuvre de Milne : Winnie cela va de soi, Porcinet mais aussi Jean Christophe. L’enfant innocent qui gambadait gaiement au sein de la forêt des rêves bleus est désormais devenu étudiant en médecine. Jeune adulte préoccupé par son avenir, il ne peut plus passer autant de temps qu’auparavant avec ses compagnons chimériques. Et c’est de ce fait que va se développer l’horreur. Empli de colère et de haine, Winnie accompagné de Porçinet considère désormais le genre humain comme trompeur et égocentrique. Métamorphosé, l’ami fidèle des enfants va alors délaisser ses pots d’ambroisies pour semer la terreur dans la forêt des rêves bleues. Couleurs qui s’obscurcissent au long du film pour finalement devenir rouge sang.
Pour ce qui est de la brutalité de l’antagonisme, ainsi que le malaise qu’il peut procurer au spectateur, le scénariste a parfaitement respecté les codes du Slasher. Ne prononçant jamais une phrase, se présentant sous une stoïcité de marbre, Winnie et Porçinet accumulent les tueries, plus sanguinaires les unes que les autres. Par ailleurs, les aspects précédemment énoncés, le décor et certaines scènes du long métrage rappellent de grandes figures du cinéma horrifique. La brutalité des meurtres orchestrés par le duo rappelle la bestialité de Leatherface dans Massacre à la tronçonneuse ; l’absence de parole et de compassion fait penser à Michael Myers de la saga Halloween et les tueries dans un coin reculé au sein d’une forêt évoque le camp de Crystal Lake, lieu de massacre dans Vendredi 13.
En revanche pour l’aspect technique et fil conducteur, Winnie the pooth : Blood and honey mérite bien son statut accordé par les critiques, à savoir celui de « Série Z ». Des plans hasardeux et souvent trop longs, des incohérences qui font parfois perdre le fil, une absence de dynamique flagrante… la non-connaissance des codes cinématographiques du genre Slasher pour ce qui est des prises de vue montre que Rhys Frake-Waterfield a besoin de temps avant de s’imposer dans le domaine. Après, les conditions de réalisation du film qui se résume à la mise à disposition d’un petit budget à hauteur de 250 000 $ et un tournage de dix jours expliquent les erreurs récurrentes.
Un accueil mitigé de la part des cinéphiles
Du fait de son statut innovant, Winnie the pooth : Blood and honey a suscité de nombreuses critiques de la part de nombreux cinéphiles. Pourtant, on constate tout de même la présence de nombreuses critiques positives et plus particulièrement de la part des jeunes adultes sur Twitter. Même si ces derniers reprochent à peu près les mêmes choses que les détracteurs du long métrage, ils reconnaissent tout de même l’audace dont a fait preuve Rhys Frake-Waterfield.
Mais très vite, la positivité s’estompe pour laisser place aux avis négatifs. « Trop brutal » pour certains, « un bafouement de l’œuvre de Milne » pour d’autres et décrié comme « une honte de l’horreur » par les adeptes du genre en question. Sur les réseaux sociaux, les avis négatifs n’ont cessé d’apparaitre. Naturellement, les différents médias « spécialisés » du cinéma n’ont pas hésité à suivre le mouvement et à saborder le long métrage. Au vu du trop gros nombre d’erreurs présent dans le long métrage, une telle vague de critique est naturellement fondée. Une fois encore, l’apparition d’un tel film qui se veut novateur prouve une fois de plus que les avis divergent, que ce soit chez les novices ou les plus aguerris du grand écran. C’est aussi ça, la beauté du cinéma.