À l’occasion du huitième tour de la Coupe de France de football, quelques clubs de la périphérie lilloise jouaient leur qualification en 32èmes de finale ce samedi 29 octobre. Face à un adversaire venu de l’autre bout du monde, Croix essayait de faire valoir son statut de favori. Quant à Marcq-en-Baroeul et Bondues, deux villes séparées par seulement quelques kilomètres, un derby des plus électriques se jouait sous une pluie diluvienne. Un jour pas comme les autres. Avec de belles histoires et de sacrés rebondissements.
Une qualification difficile pour Croix
7000 km. C’est la distance qui sépare Kourou, en Guyane française, et Croix. Pourtant, le football a réuni ces deux villes le temps d’un match. Et malgré vingt degrés de moins et un voyage éreintant, les Ultramarins ont fait plus que tenir la dragée haute aux Croisiens. Malgré leur statut de favori, les Nordistes — pensionnaires de cinquième division, une de plus que leurs adversaires du jour — se sont rendus la tâche difficile en subissant la dimension physique des Guyanais.
Après une première période maîtrisée et le but de l’attaquant de l’Iris Ryan Habbas à la vingtième minute, d’une belle tête (1−0), les Kourouciens se sont remis la tête à l’endroit pour offrir une seconde période plus équilibrée. Grâce à leur abnégation, ils ont égalisé logiquement à une vingtaine de minutes de la fin, par leur attaquant Souvenson Charlot (1−1). Le doute n’a toutefois pas eu le temps de s’installer dans les rangs de l’Iris de Croix. Le héros du jour, Ryan Habbas, inscrit dans la foulée son doublé à six minutes du terme, scellant par son but la victoire des siens (2−1). Une performance en demi-teinte, mais pour la Coupe de France et comme souvent, seule la victoire compte. Croix atteint les 32e de finale pour la première fois depuis 2019.
L’occasion aussi, par ce match, de montrer un football ultramarin en pleine phase ascendante. Deux ans après leur dernière épopée en Coupe de France, les Guyanais ont rendu fiers leurs quelques supporters présents dans les travées du stade Henri Seigneur. Présent pour l’occasion, le maire de Kourou, François Ringuet, n’a pas caché sa fierté : « Je suis très, très fier. Les conditions n’étaient pas à notre avantage et, malgré le but en fin de match, nos jeunes ont proposé un très beau football. J’espère que l’année prochaine, on fera encore mieux. La Coupe de France reste notre objectif principal à chaque début de saison, et réaliser un tel parcours représente beaucoup pour nous. »
De son côté, le capitaine de l’équipe, Gilbert Vontié, confiait dans un sourire au micro de France TV : « On veut revenir très vite en métropole et, cette fois-ci, s’imposer. » Dans le Nord ou ailleurs, à eux d’écrire les prochaines belles pages de la Coupe de France.
Un derby fou qui tourne à la faveur de Marcq
Frontaliers l’un et l’autre, Marcq-en-Barœul et Bondues se connaissent bien davantage. Dans la même division en championnat, les deux clubs ont l’habitude de s’affronter sur les terrains nordistes. Cependant, ce derby était bien différent car, cette fois, l’enjeu était de taille. Plus d’un millier de billets vendus, des tifos, un speaker : la tension était là, à la hauteur de l’enjeu.
Plus tôt dans la saison, le 18 octobre dernier, Marcq-en-Barœul l’emportait déjà face à son rival après avoir gagné 2 – 0 à l’extérieur. Pas question pour les joueurs du FC Bondues que cela se reproduise. Mais voilà, les Marcquois, à nouveau, prennent la maîtrise du derby dès le début du match. Peu à peu, les visiteurs retrouvent de l’allant, en étant plus agressifs dans les duels. Au bout de 45 minutes, seule une véritable occasion franche est à noter dans ce match, de la part des Marcquois. À l’heure de jeu a lieu le tournant du match avec la blessure du défenseur de Marcq Théo Sylla, contraint d’être remplacé par Lenny Lassilaa, après une grosse faute. Marcq pousse et, à la 84e minute, l’offensif Raul Vigier élimine trois adversaires dans une action de grande classe, tentative sauvée in extremis par le gardien de Bondues, William Willerval. À la 91e minute, le défenseur Loucas Gabert surgit dans la surface bonduoise et marque de la tête à la suite d’un centre parfait (1−0). Quelques instants plus tard, les locaux enfoncent le clou. Sur une contre-attaque, l’entrant Karamba Dansoko décale parfaitement le ballon à Kyllian Mamou, qui conclut l’action (2−0). L’arbitre siffle la fin du match et c’est fini : Marcq a gagné et le stade Georges Niquet exulte.
Après la rencontre, le premier buteur du match, Loucas Gabert, éprouvait des difficultés à cacher ses émotions : « Là, c’est un bonheur, en fait. Il n’y a pas d’autres mots, c’est un bonheur. Je délivre l’équipe puis on marque, mais le plus important pour moi, c’est le fait de voir tout le monde heureux. On a maintenu une bonne pression durant 90 minutes, c’était dur, donc le fait qu’on se délivre comme ça, qu’on rende fiers les supporters, le club, le stade, c’est juste magnifique, il n’y a pas meilleure émotion. » Pour ce qui est de la suite, le jeune défenseur est optimiste : « Tirer une Ligue 1, ce serait très bien, mais après, le but, c’est de tomber sur n’importe quelle équipe, de gagner et d’aller le plus loin possible. Mais effectivement, si on peut taper une Ligue 1, ne serait-ce que pour l’expérience, ce ne serait pas mal. »
Au soir de ce huitième tour de Coupe, cette double qualification illustre la compétitivité croissante des équipes de la métropole lilloise. Marque que ces clubs régionaux sont capables, le temps d’une compétition, de porter leurs ambitions à un niveau national.
William Dib et Rémi Rousseau