La Coupe de France est, depuis sa création, le témoin privilégié de surprises et de belles histoires. Chaque année, ils sont nombreux à croire en l’exploit. Les « petits poucets » marquent l’histoire de la Coupe de France. Retour sur les plus belles performances d’amateurs. Comme le foot sait seul en donner.
1957 : El Biar, le premier « petit poucet »
L’histoire des petits poucets prend tout son sens lors de l’épopée 1957. El Biar, modeste club invité à participer à la compétition, s’offre le scalp des plus grands. Un parcours qui s’éternise jusqu’aux huitièmes de finale, et une défaite 4 buts à 0 contre le LOSC. Une fin anecdotique, au vu du magnifique parcours des Algérois. Le Sporting Club Union d’El Biar (SCUEB) troque sa modeste division d’honneur pour affronter des monuments du football national. Et ce sont les Montpelliérains qui en ont d’abord fait les frais en 1⁄32e de finale. Avant que le SCUEB ne réitère l’exploit au tour suivant en s’imposant face à Aix-en-Provence, pensionnaire de D2.
Mais l’exploit d’El Biar prend tout son sens lors du Seizièmes de finale à Toulouse. Les amateurs affrontent le Grand Reims dans ce qui restera le match du XXe siècle. Face au florilège de stars, le club maghrébin fait sensation et s’impose 2 – 0 dans le « match de leur vie ». Voilà l’ogre champenois tombé, meurtri, les vice-champions d’Europe sortent de la coupe par la petite porte. Un fiasco éclipsé par la sensation de voir un club amateur en huitièmes de finale. El Biar restera dans l’histoire comme le premier et l’unique club nord-africain à jouer à ce stade de la compétition. La magie a inéluctablement une fin, celle d’El Biar sera face à Lille. L’important est ailleurs, l’équipe algérienne aura montré le chemin et restera le précurseur d’aventures entrées dans la légende du football français.
2010⁄2012 : Quevilly, les coutumiers du fait
C’est le petit poucet historique de la Coupe de France. Des matchs spectaculaires, une marée jaune et noire chaleureuse, un coach emblématique et des scènes de joie historiques, Quevilly incarne l’esprit coupe à la perfection. Pensionnaire de CFA, l’équipe normande s’était déjà hissée en finale lors de l’édition de 1927. Mais 83 ans plus tard, les jaune et noire remarquent de leur empreinte la compétition. En 2010, Quevilly devient le troisième club de l’histoire à évoluer en 3ème division et à se qualifier pour le dernier carré. Si les hommes de Régis Brouard avaient sorti Saint Quentin, Angers, Rennes et Boulogne sur Mer, le Paris Saint Germain mettait fin à l’aventure normande, une défaite sur la plus petite marge (1−0) avec un but de M. Erding.
Quevilly, pas démoralisé, fait mieux deux ans plus tard. Lors de l’édition 2012, le club réalise un aussi beau parcours en éclipsant plusieurs clubs de Ligue 1. Deux parcours, mêmes victimes. Angers refait les frais des amateurs dès les Seizièmes de finale (1−0), Orléans en Huitièmes et Marseille au tour suivant. Dans un stade Michel d’Ornano clairement acquis à leur cause, Quevilly pousse les Olympiens en prolongation et s’imposent 3 buts à 2 grâce au doublé d’Ayina. Une victoire retentissante, leur offrant le ticket pour les demi-finales.
Une demi-finale aux allures de déjà vu, Quevilly retrouve Rennes. Menés au score dès le début de match, les normands trouvent les ressources nécessaires pour renverser la situation et s’offrir le graal, une place en finale face à Lyon. Mais contre l’armada offensive lyonnaise, la magie de la coupe s’arrête là. Lisandro Lopez donne aux Olympiens leur 5e CDF. Privant ainsi les Jaune et Noire d’un titre majeur.
2000 : Calais, une finale puis s’en va
Une compétition marquée par la sensation Calaisienne, alors en CFA. Les pensionnaires du nord s’adjugent la victoire sur plusieurs équipes professionnelles et surtout la ferveur populaire. Le public de tout un pays se prend d’amour pour les amateurs au fil de la compétition. En écartant Lille, alors en D2, dès les 1/32e lors de la séance de tirs aux buts (1−1 et 7/6p), Calais efface de la liste le voisin Lillois. Avec un tirage plus favorable au tour suivant (Langon-Castets) les nordistes intègrent logiquement les Seizièmes de finale en disposant de la CFA2 3 – 0.
Le parcours du petit poucet de l’année prend de l’ampleur et la victoire face à Cannes, alors en D2 continue de faire vivre l’exploit. Vainqueur de Strasbourg, Calais défie le champion de France Bordeaux pour un match de gala. Les hommes de Ladislas Lozano s’ouvrent les portes du Stade de France après les prolongations, c’est la première équipe à atteindre ce stade de la compétition. Mais après avoir flirté avec le monde professionnel, la parenthèse se referme contre Nantes. Provoquant la tristesse de tout un peuple, symbolisé par les larmes de Cédric Schille, le gardien de but, au milieu de la pelouse au coup de sifflet final. Inconsolable, le portier Calaisien n’a rien pu faire pour éviter la défaite. Et gardera les traces et la douleur d’un match qui fera éternellement débat. Un penalty accordé aux Nantais dans les dernières minutes mettait fin aux rêves d’une ville, d’une région et d’un monde amateur acquis à leur cause.
Très vite, l’exploit tombe dans les oubliettes. La ferveur est redescendue et les médias ne parlent plus de la petite formation nordiste. Replongeant le club dans les abîmes du football français. L’année suivante, Calais ne dépassera pas les 32e.
Nîmes, Calais, Amiens, Libourne Saint-Seurin, Carquefou, Viry Chatillon, Andrézieux ou Schirrhein, beaucoup auront suivi le chemin de ces équipes. L’histoire retiendra ces héros, ayant fait vibrer tous les passionnés du ballon rond et gardant encore les frissons de chaque épopée. Marcq-en-Barœul ou Wasquehal, à leur échelle, tenteront d’écrire leur histoire en la gravant en lettres d’or.