La lutte contre le trafic de drogue à Bruxelles place les sans-abri en première ligne. Avec la mise en œuvre de nouvelles mesures pour réduire la consommation de drogue, leur situation déjà précaire s’aggrave rendant leur quotidien encore plus difficile. Reportage à Bruxelles avec une association qui leur vient en aide.
Le bourgmestre de Bruxelles affirmait sur RTL en novembre que 15 zones avaient été définies afin de prévenir le trafic et la consommation de drogue. Ces zones ont été déterminées par la police. Elles concernent plusieurs quartiers de la ville de Bruxelles, comme la chaussée d’Anvers, la Gare du Midi, la Gare du Nord ou encore Molenbeek. Johan Berckmans, directeur général de stratégie des chefs de corps de la police de Bruxelles explique : « La circulation de drogues dures à Bruxelles n’a de cesse de s’accentuer. Afin de mieux contrôler ce trafic, nous avons dû multiplier les patrouilles de police un peu partout dans certaines régions bruxelloises à la recherche des consommateurs ». Les sans-abris, souvent confrontés à des problèmes liés à la drogue, semblent être une des cibles de cette lutte anti-drogue. Éric, l’un des fondateurs de l’association M. BX, Maraude de Bruxelles, qui œuvre auprès des sans-abris depuis plusieurs années, témoigne des défis croissants auxquels ils sont confrontés : « Les sans-abris sont en première ligne des conséquences néfastes de la drogue ». Ce n’est pas tout, Eric, également ancien employé de la STIB (société de transports intercommunaux), explique qu’il y a une importante présence de toxicomanes, sans-abris, qui consomment des drogues à la vue de tous dans les stations de métro. « Des policiers sont présents tous les jours dans les métros à la recherche de drogue. Ils se concentrent sur les lieux les plus problématiques du réseau STIB. »
On est obligé de se cacher
Avec l’intensification des opérations policières dans les zones à risque, les sans-abri se retrouvent pris au piège entre la nécessité de se procurer de la drogue pour faire face à leurs difficultés quotidiennes et la peur d’être pris dans des opérations policières. Une seule solution s’offre à eux : « on est obligé de se cacher », explique Joseph, un jeune SDF toxicomane installé sous un pont. Ces dernières semaines, les maraudes de l’association sont plus complexes, Ines, une jeune maraudeuse, nous partage : « avant nous avions un itinéraire prédéfini afin de rejoindre des spots bien précis de sans-abris. Aujourd’hui on doit un peu partir à leur recherche ». Pour Éric, ces opérations ne font qu’aggraver leur marginalisation et leur isolement : « Les sans-abris sont forcés à se cacher davantage et à parfois se couper de l’aide que nous venons leur apporter, une aide parfois vitale pour eux. » Dans la lutte contre le trafic de drogue à Bruxelles, les sans-abris se trouvent dans une position d’autant plus précaire.