C’est à l’issue de récents interrogatoires, menés en avril et octobre derniers, que Monique Olivier a avoué avoir assisté à la tentative de viol, puis au meurtre, de Lydie Logé, perpétrés par son funeste époux, Michel Fourniret. Aujourd’hui, trente ans se sont écoulés depuis la disparition inexpliquée de la jeune femme. Son corps, introuvable à ce jour, centralise les recherches. Un transfert dans l’Orne sur les lieux de sa disparition a sorti pendant trois jours Monique Olivier des barreaux de sa cellule.
La coopération, discutable, de Monique Olivier a une nouvelle fois été mise à contribution. Depuis la mort de Michel Fourniret en mai 2021, elle reste l’unique détentrice de l’atroce vérité des crimes du pédophile et tueur en série.
Ce mardi 21 janvier, la complice du meurtrier a temporairement été extraite de sa cellule à la prison de Fleury-Mérogis dans l’Essonne, où elle purge une peine de réclusion à perpétuité, pour être escortée jusqu’au département de l’Orne, au sud de la Normandie, à la maison d’arrêt de Caen-Ifs. Du repérage et des fouilles s’y sont déroulés pendant trois jours, et notamment à Saint-Christophe-le-Jajolet, la commune de résidence où Lydie Logé a été enlevée en 1993.
La juge d’instruction du pôle cold case de Nanterre, qui supervise la tenue des investigations, ambitionne, avec la contribution parcellaire de Monique Olivier, d’éclaircir le scénario de l’enlèvement et le modus operandi du meurtre. La priorité reste toutefois de localiser le corps de la victime dissimulé par le couple.
« Pas impossible que j’aie déposé son corps là-bas… »
En plus de la zone de Saint-Christophe-le-Jajolet figure sur la liste les carrières de Tinchebray-Bocage. Une superficie de recherches envisagée suite aux confessions en demi-teinte de Michel Fourniret en 2020, lors desquelles il évoque avec froideur la pertinence du site calcaire, situé à seulement une soixantaine de kilomètres du domicile de Lydie Logé : « Pas impossible que j’aie déposé son corps là-bas… ».
Un an plus tard, en janvier 2021, Monique Olivier est mise en examen pour complicité dans le meurtre de Lydie Logé, après avoir admis son implication dans sa disparition. Elle confirme sa présence sur les lieux de l’enlèvement et reconnaît sa participation dans l’effort de dissimuler le corps de la jeune maman de 29 ans.
L’affaire Lydie Logé : chronologie lacunaire d’un cold case français

C’est l’histoire d’une affaire irrésolue depuis 31 ans. La veille des célébrations de Noël 1993, au soir du 18 décembre, Lydie Logé, une jeune femme de 29 ans, disparaît subitement dans le département de l’Orne, au sud de la Normandie.
Son dernier signe de vie est relevé aux alentours de 19 heures, le même jour : la jeune Normande compose le numéro de sa mère ainsi que celui de sa tante. Deux heures s’écoulent, lorsqu’à son tour, une de ses deux sœurs essaie de la joindre, le combiné ne décroche plus.
Le lendemain matin, sa voiture est retrouvée dans l’entrée du garage, la clé insérée dans le contact. L’intérieur du coffre regorgeait de cadeaux et d’un sapin. Le jour précédent, Lydie avait finalisé ses achats de Noël accompagnée d’une amie, dernière personne à l’avoir vue vivante. Très vite, les circonstances inquiétantes de cette disparition inexpliquée privilégient l’hypothèse d’une piste criminelle.
Depuis, les enquêteurs patinent, l’affaire est au point mort. Aucun élément connu de l’enquête ne permet de dissiper les zones d’ombre ou d’envisager un scénario plausible. Tout du moins, c’était le cas avant décembre 2019. Cette année-là, une douzaine d’empreintes génétiques sont prélevées dans le fourgon de Michel Fourniret qu’il empruntait « pour partir à la chasse aux vierges », adressait-il alors à Monique Olivier avant chaque départ de la maison. Les analyses en laboratoire révèleront qu’un élément pileux (de type poil ou cheveu) coïncide avec le patrimoine génétique de la disparue. En parallèle, les enquêteurs exhument des preuves circonstancielles troublantes : le tandem Fourniret-Olivier sillonnait régulièrement l’Orne à bord de la camionnette au moment de sa disparition.
Lydie Logé a certainement croisé la route de l’Ogre des Ardennes.