Ce vendredi 28 février, l’île de La Réunion a été frappée par le cyclone Garance, un phénomène d’une intensité exceptionnelle, avec des rafales dépassant les 200 km/h, déclenchant l’alerte violette, le niveau maximal interdisant toute sortie, y compris pour les secours.
L’île s’est réveillée défigurée, marquée par la violence inédite de ce phénomène cyclonique. Bien que l’île Bourbon soit régulièrement confrontée à de puissants systèmes dépressionnaires à cette période de l’année, Garance s’est distingué par sa brutalité, faisant cinq morts et laissant 30 000 foyers sans électricité. Selon Météo-France océan Indien, le cyclone s’est formé mardi à l’est de Madagascar avant de frapper l’île avec une intensité destructrice.
Des rafales de 214 km/h ont été enregistrées à l’aéroport Roland-Garros, un record jamais atteint depuis le cyclone Jenny en 1962, selon Céline Jauffret, directrice interrégionale de Météo-France. Dans l’est de l’île, à Piton Sainte-Rose un enregistrement à 234 km/h a été relevé, tandis que le nord a subi des vents forts atteignant 180 km/h. L’intensité de ces vents a arraché des toitures, déplacé des voitures de leurs emplacements, déraciné des arbres et éventré des panneaux publicitaires.
« C’est une journée tragique pour La Réunion », a déclaré le préfet du département, Patrice Latron, le vendredi 28 février.
« Émotionnellement, je n’aurais jamais cru vivre une telle chose dans ma vie »
Alors que Mayotte est toujours en pleine reconstruction, après le passage du cyclone Chido le 14 décembre dernier. Le mardi 3 avril, 104 militaires de la sécurité civile, initialement déployés à Mayotte, ont été envoyés à La Réunion dès la réouverture de l’aéroport Roland-Garros pour prêter main-forte.
La communauté mahoraise, fortement présente à la Réunion, est particulièrement marquée par ces catastrophes successives. Certains ont vécu de plein fouet Chido, avant d’être confrontés à Garance, laissant une profonde peur.
Comme nous le témoigne Yasmina Attoumani, étudiante en troisième année de licence Information et Communication à l’Université de La Réunion. « Lorsque le cyclone Garance a été annoncé, ma première réaction a été de tout de suite de rassurer ma famille à Mayotte car ils ont très mal vécu le cyclone Chido. » Si l’angoisse initiale était liée aux souvenirs douloureux de Chido, son expérience face à Garance était différente. « J’avais peur de revivre le même scénario que Chido, être coupée du monde à nouveau et être livrée à moi-même pour survivre. Mais à ma grande surprise, ce n’était pas le cas. Par contre dans d’autres foyers ça a été tout l’inverse. En voyant les dégâts causés, ma première réaction a été « ça recommence ». J’ai eu énormément de compassion car je suis passée par cette étape et je comprends la douleur. »
Des cyclones de plus en plus violents
Alors que le réchauffement climatique intensifie les phénomènes extrêmes tels que les cyclones, la vulnérabilité des îles d’Outre-mer questionne l’adaptation des politiques publiques. Depuis sept ans, huit ministres des Outre-mer se sont succédé, et depuis 2021, il n’existe plus de délégué interministériel aux risques majeurs pour ces territoires ultramarins. Le sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) souligne l’importance d’intégrer ces risques dans les programmes de protection sociale pour améliorer la résilience des populations concernées, selon le journal Le Monde.