La série australienne « The Newsreader », créée en 2021 par Michael Lucas et réalisée par Emma Freeman, débarque enfin sur ARTE. En six épisodes, plongez dans les coulisses d’un journal télévisé. Pour le meilleur de l’information, et le pire d’un métier… Pépite garantie !
Quand l’info devient un pouvoir qui rend fou, quand l’antenne rend addict… C’est la toile de fond de The Newsreader (Profession : reporter en français), une série australienne, désormais disponible sur ARTE. Michael Lucas, son créateur, nous plonge dans le quotidien d’une chaîne de télévision et de son journal de 18 heures, le plus prestigieux de tous. Immersion dans les années 1980, et dans une salle de rédaction où le journalisme old school connaît ses heures de gloire… Sexisme, racisme et homophobie aussi !
On y croise alors une journaliste brillante, Helen Norville (Anna Torv) qui doit présenter l’édition du soir avec « un vieux de la vieille » (Robert Taylor), misogyne et confiant, en place depuis trente ans. Autour d’eux gravitent de jeunes journalistes, ambitieux et prêts à tout pour gravir les échelons… Comme Dale Jennings (Sam Reid), jeune reporter, qui rêve de montrer sa tête tous les soirs à des millions de personnes. Bienvenue dans un monde où les failles narcissiques se soignent par l’image télévisée et la popularité.
Une série réussie… Jusqu’à un certain point
The Newsreader tient ses promesses et atteint même une forme d’état de grâce : la série dévoile les coulisses d’un métier largement méconnu avec un enthousiasme communicatif. Les personnages secondaires parviennent à prendre leur place en dehors du trio central. Le rythme de l’intrigue est fluide, les scènes rapides, et les détails intelligemment montés en épingle. Des pistes dignes d’un soap sophistiqué sont enlacées aux séquences de pur journalisme…
Calqué sur la temporalité de l’actualité et son instantanéité, tout va très vite : Helen et Dale fricotent et s’entraident, dans l’intimité et au boulot. La série en profite alors pour explorer les dynamiques de pouvoir et de genre qui se jouaient dans ces rédactions d’antan. Sexisme prôné par les puissants, traitement des minorités maladroit… Des sujets qui deviennent la toile de fond assez surprenante et passionnante des épisodes. Un pari socio-historique bien maitrisé… Jusqu’à un certain point.
Une saison 2 pour redresser le cap !
Dans les deux derniers épisodes, la machine s’emballe et surchauffe. Entre un coming out bisexuel contrarié, l’épidémie de SIDA et son traitement médiatique ultra homophobe des malades, la discrimination en cours au sein de la chaîne ou encore de la catastrophe de Tchernobyl… On ne sait plus où donner de la tête. L’équilibre entre fiction et engagement en traitant de sujets sérieux est mis en péril. Les ambitions de la série étaient-elles trop hautes ? À l’instar de ces pantins de la télévision prêts à renier dignité et humanité pour quelques secondes de gloire ?
Bonne nouvelle, la deuxième saison débute en mars prochain en Australie, de quoi redresser, on l’espère, le cap. D’autant plus qu’avec la comédienne Anna Torv, tout est possible. L’actrice australienne, diplômée comme Cate Blanchett de l’Institut National d’Art Dramatique de Sydney, a été révélée dans les séries Fringe et Mindhunter. Elle est actuellement à l’affiche dans The Last of Us. Ici, son talent crève sans arrêt l’écran : avec subtilité, elle interprète les ambivalences qui caractérisent son personnage, suffoquant entre carriérisme et trauma. Chapeau l’artiste !