Le Concorde, l’emblématique avion supersonique, fête le 2 mars 2025 son 56e anniversaire depuis son premier vol d’essai en 1969. Seul avion commercial à avoir connu une véritable exploitation supersonique de long terme, il continue de fasciner par son audace technologique et son allure futuriste. Plus qu’un avion, le Concorde a marqué à jamais l’histoire de l’aviation et du voyage supersonique.
La genèse du Concorde
Les années 60 sont grandement marquées par la Guerre Froide et la concurrence acharnée entre pays pour l’innovation technologique. L’entreprise française Sud-Aviation et l’entreprise britannique Bristol Aeroplane Company développent respectivement leurs supersoniques. Des deux côtés, les gouvernements finançaient massivement les projets pour contrer la domination américaine dans le secteur aéronautique. Les énormes coûts de développement des appareils ont conduit la France et le Royaume Uni à coopérer pour développer plus rapidement et à un moindre coût un avion supersonique long courrier.
Un cahier des charges strict fut défini pour pouvoir concurrencer les projets des américains (Boeing 2707 et le Lockheed L‑2000) et des russes (Tupolev 144). L’avion doit voler à Mach 2.0 minimum soit 2 470 km/h à une altitude de croisière de 18 000 mètres. Un long rayon d’action d’environ 6 000 km pour avoir une autonomie suffisante pour traverser l’Atlantique. Transporter au minimum 70 passagers dans un cadre luxueux et assurer une cabine pressurisée et silencieuse malgré le vol supersonique.
L’avion avait pour ce faire, quatre moteurs Rolls-Royce /Snecma Olympus 593. Le Concorde est le seul avion de ligne équipé de moteurs à postcombustion, une technologie généralement réservée aux avions de chasse. La postcombustion injecte du carburant dans les gaz d’échappement chauds pour augmenter la poussée lors du décollage et du passage en supersonique. Un design spécifique pour les ailes, avec une forme en delta ogivale, permettant de maximiser l’efficacité à haute vitesse tout en assurant la stabilité à basse vitesse. Cette configuration, bien particulière, lui confère une forme triangulaire avec des bords légèrement arrondis.
Un avion révolutionnaire mais coûteux
Capable de voler à une vitesse maximale de Mach 2.04, soit environ 2 180 km/h, il pouvait parcourir des distances en un temps record. Par exemple, un vol Paris-New York, qui prenait habituellement plus de 8 heures dans un avion subsonique, était réduit à moins de 3 heures et demie, un exploit que seule cette icône supersonique pouvait réaliser.
Ce gain de temps colossal a attiré une clientèle prestigieuse, principalement composée de personnalités influentes, de chefs d’entreprise, et de diplomates, prêts à payer pour cette expérience unique et exclusive.
À la fin des années 1990, un billet simple entre Paris et New York s’élevait à environ 50 000 francs soit 10 000 euros. Si le Concorde volait encore aujourd’hui, en tenant compte de l’inflation, le prix du billet simple serait désormais à 18 500 euros environ. Le coût élevé du billet était justifié par une prestation en cabine haut de gamme et des coûts élevés d’exploitation (carburant et entretien).
La chute du Concorde
Le Concorde a cessé de voler en 2023. La fin de l’avion supersonique est une combinaison de facteurs. L’avion était couteux à exploiter en raison de sa consommation en carburant et de la nécessité de maintenir des normes de sécurité strictes. L’avion devenait peu à peu moins rentable pour les compagnies aériennes. Après les événements du 11 septembre 2001, le secteur du transport aérien a connu une baisse de la demande. Les voyages de luxe ont notamment été grandement touchés. En parallèle, l’industrie aéronautique a commencé à construire et à mettre sur le marché des avions plus économes et mieux adaptés aux voyageurs d’affaires.
Le crash du Concorde, le 25 juillet 2000, à Gonesse dans le Val‑d’Oise, a entamé la confiance du public. Le vol Air France 4590, un Concorde en route pour New York, s’écrase peu après son décollage. Ce tragique accident a tué 113 personnes, dont 4 au sol après que l’avion se soit écrasé dans un hôtel. Une lamelle métallique sur la piste a entraîné l’éclatement d’un pneu, un incendie et la perte de deux des réacteurs. Il s’agit du seul accident mortel ayant impliqué le Concorde mais il n’en fallait pas plus pour donner un coup très dur à l’image de l’avion supersonique. Cet accident a conduit ensuite à des restrictions de vol sur plusieurs mois.
L’ère du Concorde est une ère révolue mais inoubliable. La fin du Concorde marque la fin d’une époque où l’aviation a frôlé les limites de l’impossible. Il restera gravé dans les mémoires comme un exploit technologique, mais aussi comme un symbole de l’élite et du luxe aérien. Son influence et sa légende continuent de marquer le domaine de l’aviation.