A partir du 1er février 2023, l’autocollant « Oui Pub » remplacera celui du « Stop Pub » sur les boîtes aux lettres dunkerquoises. Une initiative portée par l’État pour lutter contre le gaspillage qui inquiète le secteur de la distribution.
L’idée germait depuis la Convention citoyenne pour le climat. Le 1er septembre, onze communes sont entrées dans la seconde phase d’expérimentation du projet « Oui Pub » : désormais, les prospectus ne seront distribués que si les riverains y consentent, grâce à un autocollant apposé sur leurs boîtes aux lettres. Trois autres communes, dont la Communauté Urbaine de Dunkerque, rejoindront le projet le 1er février 2023. Au total, ce sont plus de 2,6 millions d’habitants qui seront concernés – 3% du parc national de boîtes aux lettres.
Plus de 894 000 tonnes de prospectus distribués chaque année
L’objectif de l’opération est simple : réduire le gaspillage. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), chaque foyer aurait reçu près de 30 kilos de prospectus en 2019, dont « une part significative a été jetée sans avoir été lue ».
« On est en train de prendre une décision qui me fait penser à l’arrêt du nucléaire »
Mais pour Éric Paumier, président du Syndicat de la distribution directe, « le problème écologique est un faux problème. De nouvelles études ont montré que l’envoi et le stockage des mails étaient tout aussi polluants. On est en train de prendre une décision qui me fait penser à l’arrêt du nucléaire, la vraie pollution n’est pas toujours la plus voyante. » Le président du syndicat s’inquiète davantage des conséquences de cette mesure sur l’emploi, une dimension qui, selon lui, « n’a pas été prise en compte à l’origine ». Pourtant, près de 1 600 emplois précaires seraient en jeu. Chez Mediapost, l’un des leaders du marché de la distribution d’imprimés, des ruptures conventionnelles sont déjà en cours, tandis qu’Adrexo – l’autre leader – souhaite mettre en place un chômage partiel progressif.
Une étiquette stigmatisante ?
À date, environ 10% des riverains des communes-tests ont déjà apposés cette étiquette – le modèle n’étant viable qu’à partir de 30% d’adhésions. L’enjeu est désormais double : préparer tout un secteur à une généralisation nationale à l’horizon 2025 sans prendre le risque d’une « extrapolation sauvage » qui le mettrait en péril, et faire adhérer la population au dispositif, sans stigmatiser les personnes qui décident de continuer à recevoir les prospectus : « Les gens pourraient craindre d’être étiquetés soit comme anti-écolos, soit comme des pauvres dépendant des promos. » Car 70% des prospectus proposent des réductions alimentaires.