En cas de sécheresse prolongée, Lima, capitale du Pérou, ne tiendra pas plus de quelques mois sur ses réserves actuelles. Une situation qui laisse présager une crise hydrique généralisée…
Au Pérou, 70% de la population est concentrée à Lima. Pourtant, la capitale manque d’eau. Celle-ci ne dispose que de 1,8% de l’approvisionnement hydrique total du pays. La plupart des habitants dépendent alors du passage des camions citernes. Certains vont même jusqu’à payer dix fois le prix de l’eau distribué par le réseau.
Pourtant, l’Amérique latine est le continent le plus riche du monde en terme d’eau. En effet, selon les statistiques de la Banque de développement de l’Amérique latine, un tiers de l’eau douce du monde se trouve sur le continent américain. Mais la réalité est toute autre. Si en pratique, toutes les personnes devraient avoir accès à l’eau potable, il existe des régions dans lesquelles les ressources sont abondantes pendant que dans d’autres, elles sont très faibles.
Explosion démographique et climatique
Lima est la seconde plus grande ville du monde construite dans un désert, après le Caire en Égypte. Parmi les 10 millions de personnes résidant dans la capitale péruvienne, 1 million et demi d’habitants n’ont pas accès à l’eau potable. En cause, l’explosion démographique et la multiplication des épisodes de sécheresse plus longs, plus intenses et plus fréquents. Dans les Andes, le réchauffement climatique conduit à des sécheresses plus régulières.
Le cycle d’eau du pays est également perturbé par la déforestation de l’Amazonie. La pollution de l’eau du Rio Rimac, principale source d’approvisionnement, menace la santé des habitants. Certains vont même jusqu’à y jeter quelques gouttes de javel afin de lutter contre les bactéries.
La dengue se propageant à une vitesse folle dans toute l’Amérique latine, l’état d’urgence a été décrété dans une vingtaine de départements au Pérou. Lima en fait partie. Pour survivre, les habitants ont besoin de s’hydrater, mais stocker l’eau trop longtemps pour l’économiser est mauvais pour la santé.
Pourtant, de l’autre côté de la ville, une autre réalité se dessine. Derrière la cloison surnommée « le mur de la honte », Lima abrite des grandes maisons modernes aux pelouses et piscines parfaitement entretenues. Dans ces quartiers les plus aisés, chaque habitant consomme 350 litres d’eau par jour, contre 20 à 70 litres dans les quartiers défavorisés. Les plus riches gaspillent l’eau pendant que les plus pauvres en manquent. Si aucune prise de conscience collective n’a lieu, la capitale ne sera capable de tenir sur ses réserves que durant quelques mois.