Le 10 septembre était une date attendue de tous les Américains. À Philadelphie, pendant 90 minutes, Donald Trump et Kamala Harris ont débattu du sort des Etats-Unis.
Avant le retrait de Joe Biden, Donald Trump avait déjà la main posée sur la Bible, prêt à honorer sa deuxième investiture en tant que 47e président des Etats-Unis. C’était sans compter l’arrivée inattendue de Kamala Harris, nouvelle prétendante au poste. Tandis que 67,1 millions de spectateurs ont investi la chaîne ABC mardi 10 septembre, 606 d’entre eux ont été sondés : 63 % des électeurs interrogés ont jugé que la candidate démocrate avait été plus convaincante que son adversaire, selon un sondage de l’institut SSRS pour CNN.
Harris la tacticienne
Après une franche poignée de mains qui vient casser les huit années d’impolitesse entre démocrates et républicains, Kamala Harris s’est rapidement imprégnée des faiblesses de son opposant politique. Avortement et immigration ont été les deux grands thèmes au travers desquels la candidate démocrate a illustré les incohérences et approximations du milliardaire. « Il va signer une interdiction nationale de l’IVG », tonne Kamala Harris. L’ex-procureure de Californie s’adresse-là à une tranche d’électeurs encore indécis : les femmes. La rupture de l’arrêt Roe v. Wade il y a deux ans, protégeant le droit à l’IVG d’un point de vue constitutionnel, est au coeur des débats. De ce débat justement, Donald Trump s’en extrait régulièrement, avec pour botte secrète le « génie des juges » de la Cour suprême, lesquels ont donné libre-arbitre aux cinquante Etats ; vingt-deux d’entre eux ayant interdit ou restreint l’accès à l’IVG. Le républicain a surenchéri en accusant Kamala Harris et son colistier, Tim Walz, de soutenir les infanticides et l’exécution de bébés après leur naissance.
Nerf de la guerre, le sujet de l’immigration a occupé une grande place dans les débats. Donald Trump a pour volonté de durcir considérablement le flux migratoire, notamment à la frontière mexicaine où le nombre d’entrées a explosé ces derniers mois : entre janvier et mai 2024, plus d’un million de migrants ont rejoint les Etats-Unis en passant par le Mexique. La politique migratoire de Kamala Harris est encore floue. Cette dernière suivrait les traces de Joe Biden dans la construction de barrières physiques à la frontière mexicaine, appelées communément « le mur » . Mais la séquence immigration a été surtout marquée par les larges sourires de la démocrate quand Donald Trump a affirmé, d’un ton assuré, que les migrants haïtiens de la ville de Springfield « mangent des chats et des chiens », une des nombreuses informations corrigées par les deux journalistes présents sur le plateau.
Le pan économique n’a pas été oublié, loin s’en faut. Dotée d’un bon bilan économique, la présidence Trump n’a rien à envier aux résultats de Joe Biden. Ce qui n’a pas empêché Kamala Harris d’insister sur la vente de semiconducteurs américains à la Chine : « Il a vendu des semiconducteurs américains à la Chine pour les aider à améliorer et moderniser leur armée », a pointé la démocrate. Kamala Harris a également déploré les taxes douanières, érigées en « guerre économique » tant avec la Chine qu’avec l’Union européenne. Les droits de douane, s’élevant jusqu’à 20 % sur l’ensemble des importations, ont été qualifiés « d’impôt sur la consommation », qui pèsera finalement sur le consommateur américain. À cela, Donald Trump a taxé sa rivale de « marxiste », avec pour argument la montée de l’inflation entre 2022 et 2023.
Trump le miraculé
Ce dimanche 15 septembre, alors que Donald Trump faisait quelques putts dans son terrain de golf en Floride, un homme d’une cinquantaine d’années a surpris le Secret Service de l’ex-président. Muni d’un AK-47, l’assaillant aux penchants démocrates était caché derrière un buisson, à 700 mètres de sa cible. Il n’aurait pas tiré, selon Ronald Rowe, directeur par intérim du Secret Service. Le 13 juillet dernier, en Pennsylvanie, Donald Trump survivait de manière triomphale à la tentative d’assassinat, son oreille droite en porte encore les traces.
Comment finiront ces élections spectaculaires ? Un pléonasme aux Etats-Unis, mais le spectacle électoral de 2024 a tout de la série House of Cards, dans laquelle la vie politique américaine est une balle éternellement rebondissante. Joe Biden a appelé son rival afin de prendre de ses nouvelles et même lui demander « s’il avait besoin de plus de personnes » dans son équipe de protection. Donald Trump a apprécié le geste. Il regretterait presque son vieux camarade.