A Bousbecque (Nord), Martial Informatique donne une seconde jeunesse à vos appareils. Cet auto-entrepreneur vend, répare, mais propose surtout un accompagnement personnalisé.
« Un client qui repart satisfait, c’est ma meilleure carte de visite », dit fièrement l’autodidacte âgé de 51 ans. Chez Martial, la passion n’est pas nouvelle, loin s’en faut. Il se souvient encore de sa première réparation. Son ordinateur est alors en fin de vie, un proche tente de le réparer, mais fait pire que mieux. Le vieil adage le dit bien : on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Progressivement, il se spécialise ; apprend à monter, démonter toutes sortes d’appareils informatiques. A tel point qu’en 2010, il propose ses services. Et la recette fonctionne.
Pourquoi et depuis combien de temps avez-vous commencé l’aventure entrepreneuriale ? La passion. Je suis un passionné de longue date. A mon activité première, le textile en Belgique, j’ai joint cette passion pour l’informatique, et j’ai ouvert mon magasin en 2010.
Martial informatique est implanté à Bousbecque, ville de 4700 habitants, pourquoi ici et quels sont les avantages à y être commerçant spécialisé dans l’informatique ?
Je suis natif d’Halluin et suis arrivé à Bousbecque en 2000, c’est donc premièrement pour une raison de proximité. Puis, j’adore cette ville, m’y suis intégré rapidement. Quant aux avantages, c’est la tranquillité avant tout. On est tout proche de la Belgique, de Lille… Des clients du Pas-de-Calais viennent jusqu’ici. Grâce aux différents programmes dont on dispose, j’ai même dépanné à distance un client qui réside en République dominicaine.
En 2015, vous changez de locaux, situés quelques rues plus loin. Pourquoi ?
Initialement, j’étais situé Rue Saint-Joseph. Le problème, c’est que j’y étais beaucoup moins visible. Une cliente m’a demandé si je cherchais un local, au coeur de la ville, j’ai donc sauté sur l’occasion. L’emplacement y est beaucoup plus visible.
Une fois auto-entrepreneur, quelles ont été les difficultés rencontrées ?
La confiance des gens. Quand vous dites à un client « je dois repartir avec votre ordinateur » parce que la réparation prend trop longtemps à faire, ils étaient réticents. Surtout quand je n’avais pas encore de magasin en tant que tel. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à changer de local : quand le commerçant a une vitrine, c’est évidemment plus accrocheur et cela met déjà un peu en confiance le client. Les gens savent où me trouver désormais.
En plus d’en vendre, vous réparez les outils informatiques, est-ce une prestation qui connaît une part de clientèle croissante ou décroissante ? Quel est le type de réparation que vous prescrivez le plus ?
Sans hésitation, croissante. Depuis deux ans, le magasin connaît un afflux de clients, qui viennent pour rénover leur ordinateur. Avec la technologie du SSD (disque électronique beaucoup plus rapide), on n’est plus obligé de changer l’ordinateur, une seule pièce suffit pour que la machine soit plus réactive. Donc, pour 170 € : récupération de données comprise, diverses installations, et le service qui va de pair. Parallèlement, on monte beaucoup de PC gamers (ordinateur spécialement conçu pour jouer aux jeux vidéos). Le client achète ses propres pièces sur Internet, lesquelles ne sont pas donc pas garanties par le magasin, et moi je les assemble. Il me faut en moyenne une heure pour l’assemblage.
A qui s’adresse tout particulièrement le dépannage informatique et dans quelle mesure s’inscrit-il dans votre chiffre d’affaires ?
Une grande partie de retraités. Mais de manière globale, il n’y a pas qu’une seule clientèle. Néanmoins, les générations actuelles et celles à venir sont plus concernées par le monde informatique, et donc savent parfois s’y prendre eux-mêmes. Et parfois me donnent plus de travail quand ils viennent finalement me voir.
Où et à quelle fréquence achetez-vous les composants ?
Toutes les semaines. Chez MGF, INGRAM (grossistes en électronique).
Quelle est la marque que vous vendez le plus ?
Pour la vente, c’est ACER. Au début, je vendais beaucoup de MSI (grand constructeur de matériels informatiques), mais l’entreprise a fermé son marché du premier prix. Je ne pouvais pas me permettre d’élever les prix, notamment par rapport à la grande distribution. C’est aussi pour mes prix que je revois mes clients.
Le marché de l’occasion, parlons-en.
J’ai une liste de demande en occasion. J’en ai à portée de main, mais je ne vends pas un produit si je n’en suis pas sûr. Je fais un tri au préalable. Le marché de la téléphonie marche très bien en occasion. On reçoit des appareils, qu’on répare et qu’on revend.
Vous travaillez conjointement avec un vendeur en téléphonie, qui vont a rejoint il y a cinq ans. 94 % des 15 – 29 ans (source : INSEE) avaient un smartphone en 2021. Changer de téléphone, c’est courant ?
C’est un ami d’enfance qui avait son propre magasin, à Roncq. Puis, on a travaillé de manière transversale : il m’amenait des clients, je lui en amenais en retour. On a centralisé nos deux activités à Bousbecque. Ordinateur et téléphone, ce sont deux clientèles totalement différentes. Les gens aiment bien changer de téléphone, mais c’est parfois plus cher qu’un ordinateur entrée de gamme, voire milieu de gamme.
Boulanger, Darty, Auchan, Carrefour, Cash Converter… En plus de vendre des produits informatiques, qui pour certains sont d’occasion, ce au sein d’une surface plus ou moins grande, tous proposent un service après-vente. Qu’est-ce qui vous distingue de la concurrence ?
Notre service après-vente (rires). C’est surtout l’accompagnement lors de l’achat. La grande distribution ne me fait pas peur, on n’a pas le même mode de fonctionnement, la même centrale d’achat. Chez Auchan, au rayon informatique, le vendeur peut très bien revenir du rayon boucherie. Ici, on est spécialisés.
Comment a évolué l’attente des Français en matière d’informatique ? Et comment anticiper cette attente ?
Elle est difficile à anticiper. Le marché de l’informatique est en constante évolution, cela dépend donc de la clientèle. Des professionnels travaillant dans différents secteurs d’activités me passent des commandes : toiture, mécanique… Vitaliterie, un magasin de literie à Promenade de Flandres (Roncq), m’avait demandé un devis à son ouverture, il voulait faire travailler le commerce local et a tout acheté chez moi. Depuis, dès qu’il a besoin de quelque chose, le patron vient nous voir.
Comment avez-vous fonctionné pendant le COVID ?
Pendant trois semaines, la période a été compliquée. Mais étant donné que les magasins d’informatique étaient autorisés à rester ouverts — entre les cartouches d’encre pour les attestations et le matériel pour le télétravail — on a fait partie des rares à bien fonctionner, malgré la pandémie. Puis, l’article de La Voix du Nord a bien aidé le magasin. J’avais passé une commande conséquente à l’époque : les produits n’étaient même pas encore arrivés qu’ils étaient déjà vendus.
Quel comparatif pouvez-vous faire entre le moment où la France n’était pas encore rongée par l’inflation et fin 2022, où son taux annuel atteignait 5,2 % ?
Plus les prix augmentaient, moins on avait de produits. Les fournisseurs achetaient en moins grosse quantité, due à la variation de tarifs. Evidemment, je ne pouvais pas vendre à perte. C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne vends plus de petites imprimantes, leur prix a tellement augmenté que ce n’est plus intéressant.
Conséquence inflationniste : le pouvoir d’achat des Français a diminué.
La baisse du pouvoir d’achat s’est fait ressentir par période, mais les ventes restent relativement stables. Par contre, forcément, on a réduit notre marge. Elle n’est déjà pas énorme en informatique, étant un secteur compétitif…
Quelle a été votre bilan en 2023 ?
Plutôt positif. Mais pas forcément plus que 2022.
Comment fidélisez-vous le client ?
Vous me faites travailler, je vous dois un service. Vous achetez un produit chez moi, vous pouvez revenir dix fois, il n’y a aucun souci. Il faut que le client parte satisfait de chez moi. C’est ma meilleur carte de visite. Je me suis rendu compte que j’ai dépensé beaucoup d’argent dans le vent concernant la publicité. Ma page Facebook est une bonne vitrine virtuelle, les avis Google sont importants aussi pour nous. Beaucoup de clients se renseignent au préalable.