Une année de règne sans partage pour Tadej Pogačar sur les routes du cyclisme mondial

Ça n’arrête pas depuis trois semaines. Tadej Pogačar a de nouveau dominé tout le peloton ce week-​end avec une victoire sur le classique de Lombardie ce samedi 12 octobre. Un 25^e succès qui vient clore une année au sommet pour le Slovène marqué par deux grands tours et un cham­pion­nat du monde.

Il est sur une autre planète. 16h45, Tadej Pogačar vient d’avaler les 255 km du Tour de Lombardie 2024 en six heures et cinq minutes. Mais à l’arrivée, le long du lac de Côme, le Slovène de 26 ans ne montre aucun signe de fatigue. Quelques minutes avant de brandir son vélo pour célébrer sa victoire, il était encore sur sa machine, à plein régime, assenant des coups de pédale toujours plus forts pour semer son rival du jour, Remco Evenepoel. Le Belge, fraî­che­ment médaillé olympique, s’est surmené, mais ne franchira la ligne d’arrivée que trois minutes et 16 secondes après le champion du « classique des feuilles mortes ».

Le roi de Lombardie

Pour cette 4^e victoire de rang sur le Tour de Lombardie (comme la légende Fausto Coppi entre 1946 et 1949, seul coureur à avoir déjà réalisé cette prouesse), l’ogre de Slovénie y a mis les formes : une attaque à 48 kilo­mètres de l’arrivée sur la dif­fi­culté du jour, le col de Sormano. Il largue tout le monde. Derrière, les retards des pour­sui­vants s’accumulent. Ils sont impuis­sants face à la per­for­mance du coureur de l’écurie UAE Emirates. Même Giulio Ciccone, qui court à domicile, ne lui arrive pas à la cheville. L’Italien est relégué à la troisième marche du podium, à quatre minutes et 34 secondes. Avant le départ, le coureur français de la FDJ David Gaudu avait prévenu la presse : « On sait qu’il y a Tadej au départ. Je pense que 99 % des équipes estiment qu’il va gagner. Nous aussi. »

« Je pense que cette année,
Tadej n’est pas normal »

Cette histoire s’est répétée 25 fois cette année. 25 succès his­to­riques où Pogačar s’est imposé avec une facilité parfois décon­cer­tante sur ses concur­rents. Deux semaines avant la per­for­mance trans­al­pine de ce samedi 12 septembre, Pogačar avait déjà offert aux spec­ta­teurs une réelle épopée. C’était lors des cham­pion­nats du monde de cyclisme sur route à Zurich le dimanche 29 septembre. Toujours la même recette. « Pogi » s’était échappé à 102 km de l’arrivée pour devenir champion du monde, après une heure de course en solitaire. Pendant qu’il enfile pour la première fois son maillot arc-​en-​ciel, Ben O’Connor, arrivé 34 secondes après le Slovène à ces Mondiaux, s’incline : « C’est un honneur » de terminer deuxième.

Une année au sommet

Avec cette victoire, le grimpeur rejoint le club très privé des coureurs vain­queurs, la même année, du Giro (avec six victoires d’étape et 10 minutes d’avance sur le premier concur­rent), le Tour de France (six victoires d’étapes et plus de 6 minutes sur Jonas Vingegaard) et les cham­pion­nats du monde. Seuls le « Cannibale » Eddy Merckx (1974) et l’Irlandais Stephen Roche (1987) avaient réalisé cet exploit. À côté, Pogačar ne s’est pas arrêté aux grands tours. Au printemps, il dominait les Strade Bianche et le monument Liège-Bastogne-Liège.

Un coureur « trop » performant

Une telle domi­na­tion, forcément, inquiète les fidèles du cyclisme, tant le passé sur les affaires de dopage ont terni l’image du sport. Les doutes et rumeurs se sont inten­si­fiées ces dernières semaines : et si Pogi se dopait ? Avant son départ sur le Tour de Lombardie, le champion a répondu à ces sus­pi­cions. « Le cyclisme est victime de son passé, lorsque des coureurs faisaient tout pour être meilleurs, quitte à risquer leur santé et leur vie. Pas seulement les vain­queurs. Des coureurs dont on ne connaît même pas le nom ren­contrent aujourd’hui des problèmes de santé ou souffrent de problèmes psy­cho­lo­giques à cause de ce qu’ils ont pris il y a 30 ans », a‑t-​il expliqué. Il conclut : « Mettre votre santé en jeu pour 10 ans de carrière, c’est juste foutre sa vie en l’air. »